L’automne dernier, le docteur Gilles Lavigne a offert une conférence aux massothérapeutes agréés de la FQM sur le thème « Douleur, troubles du sommeil et fatigue : comment s’y retrouver? »
Les troubles du sommeil sont fréquents chez ceux et celles qui souffrent de douleur chronique. Alors qu’il existe différentes méthodes pour mieux dormir en présence de douleur chronique, la massothérapie tire son épingle du jeu, selon le docteur Gilles Lavigne.
Pendant plus de deux heures, il a su captiver l’auditoire en expliquant les tenants et les aboutissants des troubles du sommeil chez la personne souffrant de douleur chronique. À l’aide d’exemples concrets, il a mis en lumière l’apport du massothérapeute auprès de cette clientèle pour laquelle l’approche holiste est un incontournable. Voici les faits saillants de sa présentation.
Le sommeil et la douleur chronique
On estime qu’une personne sur cinq souffre de douleur chronique au Québec. Parmi celles-ci, près des deux tiers présentent des troubles du sommeil. Pourquoi? Parce que la présence de douleur peut retarder l’endormissement et provoquer des réveils fréquents susceptibles d’affecter la qualité du sommeil.
Il est reconnu que le sommeil remplit plusieurs fonctions dans l’organisme. Il aide par exemple le corps à récupérer sur le plan physiologique, à maintenir la fonction immunitaire, à stabiliser l’humeur et à consolider la mémoire et les apprentissages.
Il arrive que des changements physiologiques ou psychologiques perturbent le cycle du sommeil chez un individu. Lorsque cela se produit, le corps en vient à fonctionner plus difficilement, surtout si le manque de sommeil se prolonge dans le temps.
La personne qui souffre de douleur chronique montre souvent un cycle du sommeil perturbé qui la prédispose à l’apparition de troubles du sommeil. Le cercle vicieux est alors entamé : la douleur perturbe le sommeil, entraînant une fatigue qui affecte la récupération du corps, ce qui peut perturber à son tour la gestion de la douleur.
Pour briser le cycle et retrouver un sommeil récupérateur, plusieurs options s’offrent à la personne souffrant de douleur chronique. Parmi ces options, notons la médication et les approches complémentaires comme la pratique du yoga, de la méditation et de la visualisation. Mais pour une intervention personnalisée et globale, le massothérapeute est tout indiqué.
L’importance des mains, des yeux et des mots du massothérapeute
Lors de sa présentation, Dr Lavigne a introduit le paradigme biopsychosocial, soit le fait de considérer l’individu dans sa globalité (corps, culture, croyances, environnement, etc.). Ce modèle de pensée constitue l’une des forces du massothérapeute.
Dans ce contexte, une collecte de données flexible et personnalisée revêt une grande importance afin de recueillir les informations pertinentes pour permettre au massothérapeute d’adapter son intervention. Pour ce faire, Dr Lavigne propose d’échelonner, si possible, l’entrevue tout au long de la rencontre, par exemple en questionnant le client à différents moments pendant le massage.
Le paradigme biopsychosocial rejoint également le massothérapeute sur le plan de l’accompagnement. Grâce à sa collecte de données, le thérapeute sera en mesure de découvrir certaines problématiques en lien avec les troubles du sommeil en douleur chronique et, ce faisant, de diriger au besoin les clients vers le bon professionnel de la santé.
En outre, parce qu’il considère l’individu dans sa globalité, le massothérapeute peut amener son client vers l’adoption de bonnes habitudes de vie qui auront un impact positif sur la qualité de son sommeil et sur la prise en charge de sa douleur chronique. Les aspects suivants peuvent donc être évalués par le massothérapeute en cours d’intervention :
- Alimentation;
- Tabagisme;
- Évaluation de la gestion de la douleur chez le client;
- Recours à d’autres approches complémentaires (méditation, yoga, techniques de respiration, etc.);
- Prise de médicaments ou de produits de santé naturels;
- Hygiène de sommeil et changements observés dans le cycle éveil-sommeil;
- Activité physique;
- Pathologies concomitantes pouvant affecter le sommeil (apnée du sommeil, reflux gastrique, diabète, etc.).
En terminant, on peut résumer le discours du Dr Lavigne en quelques mots : pour prendre en charge les troubles du sommeil chez la personne souffrant de douleur chronique, il faut considérer l’individu dans son ensemble et tenir compte de l’environnement dans lequel il évolue.
Quelques faits intéressants sur le sommeil
- On distingue deux phases principales au cycle de sommeil : le sommeil lent et le sommeil paradoxal.
- Le sommeil lent est caractérisé par un ralentissement du métabolisme du corps et s’observe surtout en début de nuit.
- Le sommeil paradoxal montre une grande activité du cerveau et s’avère plus long en fin de nuit.
- La plupart des individus traversent trois à cinq cycles de sommeil par nuit. Un cycle de sommeil dure environ 90 minutes.
- Les pics d’endormissement surviennent généralement entre 14 h et 16 h en après-midi, et entre 2 h et 4 h la nuit. À ce moment, le système ralentit pour donner une chance au corps de récupérer.
- Les siestes s’avèrent une bonne manière de se reposer. Idéalement, il faudrait cibler une durée maximale de 15 à 20 minutes par sieste afin d’éviter d’entrer dans la phase de sommeil paradoxal, de laquelle il est plus difficile de se réveiller.
- On devrait prendre de 20 à 30 minutes en moyenne pour trouver le sommeil.
À propos du conférencier
Gilles Lavigne a complété une formation de dentiste à l’Université de Montréal, une formation en médecine buccale à la Georgetown University (Washington, États-Unis) et un stage de recherche en neuropharmacologie de la douleur au National Institute of Health (Bethesda, États-Unis). Il détient aussi un doctorat en neurophysiologie trigéminée de l’Université de Toronto. Il a reçu en 2009 un doctorat honoris causa de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Zurich. Il poursuit une carrière en recherche sur la douleur, le bruxisme et le sommeil. Gilles Lavigne est professeur à la Faculté de médecine dentaire et à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, détenteur de la Chaire de recherche du Canada sur la douleur, le sommeil et les traumatismes à l’Hôpital Sacré-Cœur de Montréal, consultant en douleur orofaciale et en troubles du sommeil à la Clinique de stomatologie du CHUM et dans une clinique privée en ORL et directeur intérimaire de la recherche au CIUSSS du Nord de l’île de Montréal.
Rédaction Katia Vermette
Très beau texte j’ai des douleurs chroniques fybromealgie reflut gastrique douleur au genoux. Oui j’ai beaucoup de misere a m’endormir et je me réveille souvent la nuit