Même si le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes au Canada, la survie nette après 5 ans, en l’absence de toute autre cause de décès, est de 88 %. La fatigue, l’un des effets secondaires des traitements, est cependant présente, parfois pour une longue période. La massothérapie peut-elle contribuer au soulagement de cette fatigue chez les survivantes du cancer du sein et, si oui, comment ?
La fatigue associée aux traitements contre le cancer du sein
Selon Statistique Canada, une femme sur huit recevra un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie. Ce type de cancer existe également chez les hommes, mais il est rare, puisque moins de 1 % de tous les cancers du sein les touche. Cependant, selon la Société canadienne du cancer, la fatigue constitue l’effet secondaire le plus courant des traitements. Si elle peut disparaître à la fin des traitements, elle peut également persister plusieurs mois, voire plusieurs années, ce que confirme le Centre universitaire de santé McGill. Cette fatigue peut affecter la qualité de vie, le niveau d’énergie, l’humeur, les activités de la vie quotidienne, les interactions sociales et les fonctions cognitives. Différentes approches coexistent pour y faire face, dont la massothérapie.
La massothérapie, partie prenante d’une approche intégrative
Le Réseau canadien du cancer du sein inclut la massothérapie dans les thérapies complémentaires à utiliser conjointement avec la médecine conventionnelle, après consultation et approbation d’un professionnel de la santé. Il indique qu’elle peut contribuer à réduire certains effets secondaires tels que l’anxiété, la dépression, la fatigue et la douleur. La Fondation du cancer du sein du Québec considère que cette approche de médecine intégrative a pour objectif d’améliorer non seulement la santé du patient, mais également son bien-être et sa qualité de vie. Il est alors recommandé de rechercher un massothérapeute autorisé ayant de l’expérience dans ce domaine.
Recours à la massothérapie pour soulager la fatigue chez les survivantes d’un cancer du sein
Une revue systématique publiée en 2021 [1] fait une analyse descriptive des essais randomisés contrôlés publiés sur le sujet : sur les 257 études repérées, les auteurs en retiennent 10 au terme d’un processus rigoureux de sélection, ce qui représente un total de 1 040 participants. Dans chacune de ces études, les chercheurs ont évalué la fatigue à l’aide de questionnaires validés. Huit de ces études ont comparé les effets de la massothérapie à ceux d’un traitement courant ou d’un groupe témoin sur liste d’attente. Les techniques de massage les plus utilisées étaient la réflexologie et le massage suédois. Sur ces huit études, quatre rapportent une diminution significative de la fatigue. Cependant, la durée et la fréquence des massages, ainsi que la durée totale de l’intervention en massothérapie variaient d’une étude à l’autre. De plus, il n’a pas été possible de conclure sur le type de technique le plus approprié.
Dans un travail de fin d’études [2] pour le diplôme de masseur-kinésithérapeute (France), l’auteure synthétise les écrits sur le sujet et indique que les résultats mettent en évidence une diminution immédiate de la fatigue lorsqu’on instaure une intervention récurrente en massothérapie. Cet effet semble d’autant plus efficace lorsque la cliente considère favorablement le massage, ce que confirme un essai randomisé contrôlé publié en 2012 [3]. L’efficacité serait également tributaire du lien de confiance établi avec le ou la massothérapeute, de préférence toujours la même personne.
Un massage adapté à la condition de la personne
Non invasif, un soin de massage prodigué par un professionnel qualifié présente peu de risques d’effets secondaires. Les auteurs de recommandations de pratique clinique publiées en 2017 [4] mettent cependant en garde les thérapeutes : des précautions sont requises lorsque la cliente a reçu des traitements anticoagulants, de radiothérapie ou une intervention chirurgicale. Ces mêmes recommandations invitent à considérer la gêne potentielle induite par l’altération de l’image corporelle : établir une relation de confiance apparaît donc primordial, et les auteurs indiquent que le choix d’un thérapeute de même sexe peut augmenter le niveau de confort.
Dans un billet publié en 2018, la FQM parlait d’une approche individualisée en fonction de la réalité et des besoins de la personne, de même que de son état physique, psychologique et émotionnel. À ce titre, la collecte d’information en début de séance visera à cerner ces composantes, à identifier les contre-indications potentielles, puis le soin fera appel à des techniques et à des manœuvres douces et peu profondes dont la durée sera adaptée.
Vous avez survécu à un cancer du sein ?
La massothérapie se veut une approche complémentaire qui s’inscrit dans la gestion globale de la fatigue, notamment chez les survivantes du cancer du sein. Pour être efficaces et sécuritaires, les soins de massothérapie doivent être adaptés à votre condition et à vos besoins, et être prodigués par un massothérapeute compétent et bien formé.
Pour un massage de qualité, choisissez un massothérapeute agréé ou une massothérapeute agréée ! À noter que le moteur de recherche avancée dans le site de la FQM permet de cocher la case Massothérapeute en oncologie.
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Références :
Wang, T., Zhai, J., Liu, X. L., Yao, L. Q., et Tan, J. B. (2021). Massage Therapy for Fatigue Management in Breast Cancer Survivors: A Systematic Review and Descriptive Analysis of Randomized Controlled Trials. Evidence-based complementary and alternative medicine: eCAM, 2021, 9967574. https://doi.org/10.1155/2021/9967574
Bouriaud, M. (2017). L’efficacité du massage sur la fatigue chez les patients cancéreux : une synthèse de la littérature [Travail de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’État de masseur-kinésithérapeute]. Saint-Sébastien-sur-Loire : Institut régional de formation aux métiers de la rééducation et réadaptation. https://kinedoc.org/work/kinedoc/e391805e-0287-4037-9eff-ef1346636977.pdf
Fernandez-Lao, C., Cantarero-Villanueva, I., Diaz-Rodriguez, L., Cuesta-Vargas, A. I., Fernandez-Delas-Pùenas, C. et Arroyo-Morales, M. (2012). Attitudes towards massage modify effects of manual therapy in breast cancer survivors: a randomised clinical trial with crossover design. European journal of cancer care, 21(2), 233-241. https://doi.org/10.1111/j.1365-2354.2011.01306.x
Greenlee, H., DuPont‐Reyes, M. J., Balneaves, L. G., Carlson, L. E., Cohen, M. R., Deng, G., … et Tripathy, D. (2017). Clinical practice guidelines on the evidence‐based use of integrative therapies during and after breast cancer treatment. CA: a cancer journal for clinicians, 67(3), 194-232. https://doi.org/10.3322/caac.21397
Rédaction : Catherine Houtekier, rédactrice et réviseure professionnelle