LE DRAINAGE LYMPHATIQUE MANUEL (DLM)* FAVORISE L’ÉLIMINATION DES DÉCHETS ET L’ARRIVÉE DES NUTRIMENTS AUX SITES BLESSÉS, CE QUI ACCÉLÈRE LA GUÉRISON D’UNE LÉSION. CE FAISANT, LA RÉADAPTATION DEVIENT PLUS RAPIDE ET PLUS EFFICACE. LE POINT SUR LE DLM EN PRÉSENCE D’UNE BLESSURE SPORTIVE.
En collaboration avec Michel Eid, massothérapeute agréé spécialisé en thérapie décongestive combinée.
❚ La lymphe est un liquide transparent qui circule dans l’organisme grâce aux contractions musculaires et aux mouvements du corps. Elle assure le transport des déchets et des nutriments, tout en contribuant au drainage des liquides en excès dans les tissus. Or, en présence d’une blessure, le membre atteint se trouve souvent immobilisé, ce qui entraîne une perte des fonctions lymphatiques. Il en résulte une accumulation de liquides qui s’observe par un oedème, lequel s’accompagne généralement de douleur.
Le propre du DLM est de stimuler la circulation lymphatique à travers l’organisme à l’aide de pressions circulaires superficielles le long des capillaires lymphatiques et des chaînes ganglionnaires situées sous la peau. Son action lente et douce mobilise les liquides tout en favorisant l’élimination des déchets. Ce faisant, le DLM contribue à diminuer l’oedème et la douleur caractéristiques d’une blessure sportive, ce qui accélère le processus naturel de guérison du corps.
Le DLM a un double impact sur la douleur ressentie par la personne blessée. D’une part, l’œdème peut provoquer en lui-même de la douleur s’il écrase les tissus nerveux avoisinants. En favorisant le drainage des liquides et la réduction de l’enflure, le thérapeute en DLM peut donc diminuer la sensation de douleur chez le client. D’autre part, le thérapeute stimulera, par ses mouvements répétitifs et doux, les mécanorécepteurs situés sous la peau. Ces derniers inhiberont à leur tour les nocicepteurs, ce qui aura pour effet de calmer le message de douleur en provenance du système nerveux. La diminution de l’œdème et de la douleur associés à une blessure sportive accélérera ainsi la récupération physique, ce qui permettra l’intervention plus rapide du massothérapeute, du physiothérapeute ou de tout autre professionnel de la santé auprès du sportif.
Afin d’intervenir efficacement en DLM en présence d’une blessure sportive, le thérapeute devra procéder à une collecte d’information à l’aide d’un questionnaire santé et d’une évaluation palpatoire. Il recueillera, par exemple, des données relatives à l’intensité de la douleur et à l’amplitude musculaire, mesurera l’œdème et évaluera la mobilité de la peau, ce qui lui permettra d’adapter son intervention.
Le thérapeute en DLM commence toujours son soin en dégageant les blocages lymphatiques en périphérie de la blessure, c’est-à-dire en partant du cou pour se rapprocher progressivement de la zone blessée. L’objectif est de créer un espace où la lymphe pourra se déverser, ce qui facilitera la circulation lymphatique, et ce, même si le thérapeute n’intervient pas directement sur la blessure.
Il faut toutefois savoir que le DLM peut être appliqué localement sur une blessure même en présence de douleur. En fait, la douceur de l’approche fait en sorte que la douleur n’est pas exacerbée par l’intervention du thérapeute. Le DLM peut donc être utilisé très tôt après une blessure, soit dans les heures ou les jours qui suivent. Son apport sera alors optimal. L’approche est cependant contre-indiquée si le client présente un risque de thrombose ou de phlébite, ou encore si la blessure montre une plaie ouverte.
LE CLAQUAGE MUSCULAIRE ET LE DLM : UN CAS CLINIQUE
Michel Eid est intervenu à maintes reprises auprès de clients ayant subi des blessures sportives. Récemment, il a reçu un homme de 50 ans présentant un claquage musculaire au mollet droit survenu lors d’une course rapide en jouant au soccer. Le thérapeute nous explique l’apport du DLM dans la récupération de ce client.
L’homme consulte Michel Eid pour la première fois le lendemain de sa blessure (jour un). Sa douleur se situe alors à 7-8/10 et il utilise des béquilles pour se déplacer. La veille, il a appliqué de la glace et pris de l’acétaminophène pour contrer la douleur. Après évaluation, le thérapeute remarque un œdème au mollet droit, la circonférence du membre dépassant de 3 cm celle du côté opposé. Le protocole de traitement est établi : quatre à cinq séances de DLM d’une heure au cours des sept prochains jours.
Pendant la première séance (jour un), le thérapeute cible d’abord le cou, l’abdomen et le membre inférieur droit, pour terminer localement au niveau de la jambe et des ganglions du creux poplité. L’intervention est répétée de la même manière lors des rencontres subséquentes.
Dès le deuxième rendez-vous (jour deux), le client affirme avoir mieux dormi. Au cours de la troisième séance (jour quatre), l’homme confirme ne plus prendre d’acétaminophène et il se déplace sans béquilles, en boitant légèrement. L’œdème a diminué de moitié, l’ecchymose est peu apparente et l’épanchement sanguin limité. Lors de la quatrième séance (jour six), il ne boite presque plus, l’intensité de la douleur est évaluée à 2/10 et l’œdème a diminué de 2 cm par rapport à la mesure au jour un.
Au jour sept, le client consulte un physiothérapeute. Ce dernier s’étonne de l’état du mollet de l’homme après seulement une semaine de récupération. Le physiothérapeute établit un programme personnalisé pour le client, qui comprend des exercices et des étirements afin d’optimiser sa réhabilitation. Le client obtient son congé de la physiothérapie dès son second rendez-vous. Il faut savoir que, normalement, le traitement d’un claquage musculaire en physiothérapie s’échelonne sur trois à cinq semaines, à raison de deux à trois séances par semaine.
En réduisant l’œdème et en contribuant à une meilleure circulation lymphatique, le DLM a accéléré chez ce client le processus de guérison naturel du corps, ce qui a permis une intervention plus rapide et ciblée du physiothérapeute.
*Pour intervenir en DLM auprès d’une clientèle sportive, le massothérapeute doit d’abord compléter une formation de base en drainage lymphatique manuel et avoir acquis des connaissances poussées en anatomie et en physiologie, de même qu’en relation d’aide.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’EFFET DU DLM AUPRÈS DES SPORTIFS :
❚ Zebrowska, A. et coll. (2017). Effects of Physical Methods of Lymphatic Drainage on Postexercise Recovery of Mixed Martial Arts Athletes. Clinical Journal of Sports Medicine, août 2017. DOI 10.1097-JSM.0000000000000485
❚ Schillinger, A. et coll. (2006). Effects of manual lymph drainage on the course of serum levels of muscle enzymes after treadmill exercise. American Journal of Physical Medicine & Rehabilitation, 85(6):516-520. DOI 10.1097/01.phm.00002194.19538.ed
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Rédaction ❚ KATIA VERMETTE
katiavermette@hotmail.com
Le Massager mai 2018