Annie Jubinville est massothérapeute du sport et présidente du volet Québec de l’Association canadienne des massothérapeutes du sport. Dans sa pratique professionnelle, elle reçoit des athlètes de tous horizons et de tous les niveaux. Elle s’est prêtée au jeu afin de démystifier l’apport de la massothérapie chez l’athlète de haut niveau.
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FQM — Pourquoi un athlète consulte-t-il en massothérapie ?
Annie Jubinville — Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un athlète consulte en massothérapie ou que l’on recommande un suivi en massothérapie du sport.
D’abord, la massothérapie peut aider au niveau de la préparation mentale de l’athlète. Lorsqu’un athlète a des tensions musculaires, des douleurs ou des blessures qui viennent le déranger, il n’est pas totalement concentré sur son sport et sur sa performance. En soulageant ces tensions et ces douleurs, et en stabilisant l’état physique de l’athlète, le massothérapeute peut l’aider à mieux se concentrer sur son entraînement ou sur sa compétition. Ce petit plus peut faire toute la différence lors de qualifications ou d’une compétition.
Le massage aura aussi un impact physique chez l’athlète, que ce soit avant ou après un entraînement ou une compétition. Avant, le massage permettra de bien échauffer la musculature, ce qui, en combinaison avec l’activation spécifique que fera l’athlète, amènera une bonne préparation physique. Après, il aidera à la récupération du corps, par exemple en libérant les fascias, les tendons et les tensions musculaires. Aussi, les athlètes qui bénéficient d’un massage sportif régulier vont généralement avoir une meilleure endurance lors d’un entraînement ou d’une compétition qui s’échelonne sur plusieurs jours, parce qu’ils pourront récupérer au fur et à mesure.
Finalement, la massothérapie aidera à optimiser la performance de l’athlète. Prenons l’exemple du gymnaste René Cournoyer, dont le sport (gymnastique) est excessivement exigeant sur les articulations supérieures du corps. Les mouvements qu’il exécute vont au-delà des amplitudes normales. Pour lui, il est donc inconcevable de perdre de la mobilité au niveau de l’épaule ou des poignets par exemple, puisque ça aurait un impact sur sa performance. Donc, lorsqu’on travaille en prévention, et c’est ce que l’on fait avec René, on va dégager tout ce qui vient tirer sur les chaînes de fascias, toutes les tensions musculaires, et on va travailler la mobilité articulaire pour qu’il conserve sa pleine amplitude de mouvement.
FQM — Parle-nous de l’importance de la relation de confiance entre un athlète et son massothérapeute.
Annie Jubinville — Pour un massothérapeute du sport, je considère que la confiance passe d’abord par la compétence. Quand j’enseigne ou que je fais du mentorat avec des massothérapeutes qui travaillent dans le milieu sportif, l’une des premières choses que je leur dis est de se tenir à jour. Les athlètes se battent pour des microsecondes, pour des dixièmes de points. Ils sont toujours à la fine pointe de ce dont ils ont besoin pour performer, de tout ce qui peut les aider dans leur démarche professionnelle ou compétitive. Si le massothérapeute du sport ne se tient pas à jour dans sa pratique et qu’il laisse passer les années, ses compétences ne seront plus optimales pour recevoir des athlètes.
En se tenant à jour et en s’informant sur l’athlète, sur le sport qu’il pratique, sur son cheminement, sur ses prochaines compétitions, on en vient à développer une relation de confiance avec lui. L’athlète sait qu’il peut nous faire confiance. Et à force de les masser, on développe un toucher personnalisé. Par exemple, ce que j’utilise avec René, je ne l’utilise pas nécessairement avec un autre athlète. On doit s’adapter ! C’est ce qui fait qu’à mon sens, on développe une relation de confiance non seulement avec l’athlète, mais aussi avec toute l’équipe multidisciplinaire qui l’entoure.
Comment réagis-tu quand tu apprends qu’un des athlètes que tu suis s’est qualifié pour les Jeux olympiques, comme ce fut le cas pour René Cournoyer ?
On passe par une gamme d’émotions, tout comme eux ! On est tellement fiers de leur accomplissement. Vous savez, on est là pour les soutenir de notre mieux dans leur cheminement. On va tout faire en notre possible pour les aider à atteindre leur objectif. Et là on parle de René avec les Jeux olympiques, mais j’ai aussi jeunes athlètes qui se qualifient pour des championnats provinciaux. Et c’est tout aussi excitant de les voir progresser et de savoir qu’on les a aidés. C’est très valorisant !
FQM — Quelles sont les exigences pour devenir massothérapeute du sport ?
Annie Jubinville — La massothérapie sportive est méconnue, encore aujourd’hui. Il faut savoir qu’il y a des différences dans les niveaux de spécialisation. En ce moment, les cours en massothérapie sportive sont d’environ 200 à 250 heures. De son côté, un massothérapeute du sport doit répondre aux exigences de l’Association canadienne des massothérapeutes du sport et compléter environ cinq ans de formation spécialisée, laquelle comprend plus de 1 500 heures de formation et 500 heures d’expérience terrain dans un minimum de trois sports.
D’ici 2024, tous les massothérapeutes qui voudront travailler avec les équipes de sport nationales devront être certifiés par l’Association canadienne des massothérapeutes du sport, qui répond aux exigences du Comité olympique canadien (COC).
Pour en savoir plus :
Entrevue avec le gymnaste René Cournoyer et sa perpective sur la massothérapie du sport
Trouver un massothérapeute :
Le terme « massothérapeute du sport » est une appellation réservée aux professionnels certifiés par l’Association canadienne des massothérapeutes du sport (ACMS). Cette certification en massage sportif est la plus exigeante au Canada et répond aux critères du Comité olympique. Pour trouver un massothérapeute du sport certifié ou en cours de certification, rendez-vous sur le site de l’ACMS. Pour trouver un massothérapeute ayant une formation de base en massage sportif, veuillez consulter la section Trouver un massothérapeute sur le site FQM et choisissez « Massage sportif » dans les techniques complémentaires.
Rédaction : Katia Vermette, rédactrice agréée