Fédération Québécoise des Massothérapeutes Agréés

Sur les traces de Deane Juhan

Parcours professionnel

PARCOURS PROFESSIONNEL : L’EXPÉRIENCE DE FRANCE FRÉCHETTE, MASSOTHÉRAPEUTE AGRÉÉE

DEANE JUHAN EST UNE SOMMITÉ EN THÉRAPIE MANUELLE ET EN APPROCHE TRAGER (TRAGER EST UNE MARQUE DÉPOSÉE DE TRAGER INTERNATIONAL). DEPUIS QUELQUES ANNÉES, IL DÉVELOPPE, UTILISE ET ENSEIGNE L’APPROCHE RÉSISTANCE ET RELÂCHEMENT QUI S’INTÈGRE FACILEMENT À TOUTES LES TECHNIQUES DE MASSAGE. ELLE MÈNE À DES AMÉLIORATIONS RAPIDES ET DURABLES DE LA CONDITION DES CLIENTS ET CHANGE POSITIVEMENT LA VIE DES THÉRAPEUTES QUI Y ONT RECOURS. RENCONTRE AVEC FRANCE FRÉCHETTE, MASSOTHÉRAPEUTE AGRÉÉE FORMÉE EN RÉSISTANCE ET RELÂCHEMENT.

Madame Fréchette, comment avez-vous entendu parler de l’approche Résistance et relâchement (Resistance and release en anglais)?

C’est un peu le fruit du hasard et la rencontre de deux besoins. J’avais des difficultés lorsque j’intervenais au niveau de la nuque et de la tête de mes clients. Je connaissais l’expertise de Deane Juhan en Trager, une sommité dans le domaine, et désirais apprendre de lui. J’ai donc entamé des recherches et, en visitant son site Internet, j’ai découvert qu’il donnait une formation à Pittsburgh en Résistance et relâchement pour le cou et la mâchoire. Je me suis inscrite en septembre 2016 et j’ai parcouru en voiture les 1 200 km qui me séparaient de la ville américaine. Cette première formation continue aux États-Unis a marqué positivement ma vie personnelle et professionnelle.

Au terme de cette formation, je ressentais déjà les effets de l’approche sur ma mâchoire, moi qui ignorais au départ que j’avais des résistances dans cette région. La technique développée par Deane Juhan, mais aussi le personnage lui-même et sa générosité dans l’écoute des besoins de ses étudiants, ont fait que je me suis sentie mieux après seulement trois jours de formation. Et ce changement se poursuit, encore aujourd’hui.

Il ne m’en fallut pas plus pour surveiller le calendrier de formation de Deane Juhan afin de continuer avec lui mon apprentissage. J’ai complété à San Francisco à l’été 2017 deux cours supplémentaires en Résistance et relâchement, l’une pour la ceinture scapulaire et l’autre pour le dos.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’approche Résistance et relâchement?

Il s’agit d’un processus interactif pendant lequel le thérapeute fournit soit une traction, soit une compression, selon des vecteurs précis du mouvement. Le thérapeute demande au client de bouger contre cette résistance pendant les mouvements de contraction complète (concentrique) ou d’extension complète (excentrique). La résistance est appliquée et maintenue entre le thérapeute et le client.

Le thérapeute guide les efforts du client pendant l’exécution des mouvements, l’aidant à raffiner la coordination souple et régulière de la contraction, de l’extension et de la stabilisation. La procédure de base est simple (deux à trois répétitions d’un même mouvement au cours d’une séance) et facile à apprendre. Les instructions, subtiles à donner, sont un art qui se développe. L’approche est sans douleur pour le client et elle peut être utilisée avec n’importe quelle technique de massage.

Comment l’approche Résistance et relâchement a-t-elle été développée par Deane Juhan?

Deane Juhan raconte que le concept du travail en Résistance et relâchement a émergé pendant l’une des formations qu’il offrait et prend racine de son propre apprentissage auprès du docteur Milton Trager. Deane faisait une démonstration des manoeuvres pour relaxer l’épaule d’une étudiante et, à sa grande surprise, rien ne fonctionnait. L’épaule demeurait figée dans un schéma de résistance inconsciente. Il engagea alors consciemment l’étudiante à lui offrir une résistance, en contraction et en extension. Après deux répétitions, l’épaule répondit docilement aux manoeuvres de relaxation, auparavant impossibles.

Depuis, Deane Juhan continue de développer et de raffiner l’approche Résistance et relâchement. Il l’intègre dans ses interventions en Trager lorsque les besoins se font sentir chez le client. J’ai reçu une vingtaine de séances individuelles de Deane Juhan au cours desquelles il a souvent eu recours à l’approche Résistance et relâchement. Les résultats sont impressionnants et durables. 

Qu’est-ce que vous ont apporté votre rencontre avec Deane Juhan et son approche?

Sur le plan personnel, ma propre conscience corporelle a été modifiée. L’exécution de mes mouvements au quotidien n’est plus la même. Mes épaules sont relâchées, je me sens plus légère dans mon fonctionnement, je suis mieux dans mon corps. J’avais des problèmes digestifs qui ont aujourd’hui disparu. Lorsque j’interviens auprès de clients, mes efforts sont plus balancés et je suis plus efficace.

Ma transformation physique a aussi entraîné chez moi des changements psychologiques. C’est comme si le fait d’avoir besoin de faire moins d’efforts au quotidien faisait en sorte que tout était plus clair. Je suis aujourd’hui plus calme à l’intérieur, plus ouverte. J’entre moins en confrontation avec autrui. Ma relation avec les autres a grandement changé.

En pratique, j’applique régulièrement l’approche Résistance et relâchement auprès de mes clients, que ce soit dans mes séances de massage Amma ou en approche Trager. Chaque fois, c’est payant pour eux. Les mouvements restreints et difficiles à exécuter deviennent plus faciles, plus gracieux et mieux équilibrés. Les clients l’observent dans leur quotidien. Je le constate moi-même pendant la séance et au cours des séances suivantes.

Dans quelles circonstances utilisez-vous l’approche Résistance et relâchement?

J’ai surtout recours à l’approche Résistance et relâchement quand mes clients montrent des problématiques ou des inconforts qui semblent chroniques ou récurrents. Par exemple, l’un de mes clients souffrait de douleur lombaire depuis plusieurs années. Il avait cessé la pratique d’activités physiques et le simple fait de se lever du lit était devenu laborieux. J’avais moi-même été témoin de sa douleur lors des séances de massothérapie : changer de position sur la table de massage était douloureux et difficile. Je lui ai donc proposé de travailler en Résistance et relâchement. Après deux séances régulières au cours desquelles j’ai intégré l’approche dans un seul vecteur de mouvement, mon client ressentait déjà un bien-être qui a été maintenu dans le temps. Il est aujourd’hui de retour sur sa bicyclette; il se lève du lit plus rapidement et presque sans douleur. Le pire est derrière lui !

Comment envisagez-vous votre avenir professionnel avec l’enseignement offert par Deane Juhan?

La routine n’existe plus dans mon travail. En fait, je peux intervenir en Résistance et relâchement dans tellement de vecteurs de mouvement que les possibilités sont infinies. Je peux être créative dans mon travail. Il faut toutefois se rappeler qu’en Résistance et relâchement, on travaille en partenariat avec le client. C’est donc lui qui détient la clé de sa guérison.

Personnellement, mon désir le plus profond est de continuer à apprendre auprès de Deane Juhan pour éventuellement l’assister dans ses cours et en venir à enseigner moi-même l’approche. Il s’agit cependant d’un objectif professionnel à long terme.

France Fréchette assistera Deane Juhan et assurera la traduction de son enseignement lors des formations en Résistance et relâchement qui seront offertes prochainement à Québec, du 12 au 15 octobre à l’école L’attitude, et à Montréal, les 24 et 25 octobre à l’école Accès Trager. D’ici là, la massothérapeute a bien l’intention de poursuivre son apprentissage.

France Fréchette est massothérapeute agréée depuis 2014. Elle pratique les massages californien et Amma, de même que l’approche Trager. C’est dans cette dernière approche qu’elle a choisi de se développer sur le plan professionnel. Elle a notamment oeuvré auprès des personnes vivant avec de la douleur chronique dans le cadre de son implication à la Fondation de la massothérapie.

Légende de la photo

De gauche à droite : Aaron Bendix-Balgley, France Fréchette, Deane Juhan, Damiana Carpizo et Cheyenne Root.

Rédaction ❚ KATIA VERMETTE

Le Massager – mai 2018