Louise Nadeau est massothérapeute agréée certifiée. Elle est reconnue pour son expertise en masso-oncologie, mais sa feuille de route est beaucoup plus large et impressionnante. Depuis maintenant 27 ans, elle cumule les techniques et perfectionne sa pratique de la massothérapie… pour faire du bien.
L’histoire d’amour entre Louise Nadeau et la massothérapie a débuté en 1992. Avec un DEC en tourisme en poche, Louise travaillait à l’époque comme agente de bord pour une compagnie aérienne. Elle était aussi enceinte de son deuxième enfant. Une amie lui avait alors proposé de se faire masser. N’ayant jamais expérimenté la massothérapie, Louise a accepté. « J’ai adoré mon expérience, explique-t-elle. Je suis littéralement tombée en amour avec le massage ! »
Quelques mois plus tard, Louise a accouché à l’Hôpital Sainte-Justine, où elle a eu l’occasion de côtoyer des jeunes malades. Au même moment, la pionnière en masso-oncologie, Lyse Lussier, faisait ses débuts au centre hospitalier auprès des enfants atteints de cancer. Louise venait de trouver sa voie : elle deviendrait massothérapeute afin d’offrir un répit aux enfants vivant avec un cancer.
Le projet devrait cependant attendre quelques années. « J’avais moi-même de jeunes enfants et je trouvais trop difficile de côtoyer des enfants malades », confie Louise. En attendant, elle deviendrait massothérapeute et approfondirait ses connaissances du massage pour qu’un jour, elle puisse intervenir auprès des jeunes cancéreux.
Développer ses compétences en massothérapie
En 1992, la compagnie pour laquelle travaillait Louise traversait un lock-out. Voulant découvrir les secrets de la massothérapie, Louise a profité de son arrêt de travail forcé pour s’inscrire à un cours de massage pour bébé. Menée par la curiosité et le désir de prendre soin d’elle et des autres, Louise a par la suite complété une formation en massage suédois, puis en massage Esalen (maintenant Momentum). « L’Esalen était un massage plutôt intuitif et j’avais l’impression de manquer de repères, souligne Louise. J’avais besoin de plus d’encadrement dans ma pratique. » Elle a choisi le massage californien comme troisième technique de massage, avant de compléter des formations en orthothérapie, en réflexologie et en drainage lymphatique, notamment.
Après sa formation de base, Louise a intégré le milieu des spas, milieu dans lequel elle a évolué pendant quatre ans. En 2000, elle a accepté un poste en planification des horaires et des équipages chez Air Transat. Mais la massothérapie est toujours restée présente en carrière parallèle.
Faire le saut vers la masso-oncologie
Pendant toutes ces années à évoluer dans le domaine de la massothérapie et à développer ses compétences, Louise n’avait pas dérogé de sa voie. Elle avait toujours comme objectif d’offrir des soins de massothérapie aux jeunes atteints de cancer. En 2010, alors que ses enfants étaient devenus adultes, elle fit le grand saut vers la masso-oncologie en complétant la formation sur l’accompagnement des personnes atteintes de cancer offerte par Arborescence.
Dès la fin de sa formation en masso-oncologie, Louise intégra les rangs de LEUCAN, d’abord comme massothérapeute, puis comme superviseure de stage. Pendant près de dix ans, elle a soulagé la douleur et apporté bien-être et réconfort aux jeunes qui traversent un cancer et à leur famille. L’expérience fut pour elle des plus enrichissantes. « C’est certain qu’après avoir côtoyé des enfants malades, on voit la vie différemment, on met les choses en perspective », explique Louise.
Vers la recherche d’un équilibre
De fil en aiguille, la clientèle de Louise s’est transformée. Il y eut d’abord les enfants de LEUCAN. Puis, quelques années plus tard, les bénéficiaires de la Fondation de la massothérapie et de Palliacco, deux organismes ciblant les personnes atteintes de cancer. Rapidement, plus de 80 % des clients de Louise vivaient avec un cancer.
« Il est certain que la formation en masso-oncologie nous prépare à différentes situations difficiles, note Louise. On nous montre à être davantage dans l’observation et dans l’empathie, plutôt que dans la sympathie. » Reste que la masso-oncologie est très éprouvante sur le plan psychologique. Elle peut facilement mener à l’épuisement si le massothérapeute ne prend pas soin de lui.
« Un jour, j’ai regardé dans la filière où je conserve mes dossiers, raconte Louise. J’avais une pille de deux pouces d’épais de dossiers de gens que j’avais massés, mais qui étaient décédés. C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’avais besoin d’un équilibre dans ma vie professionnelle. »
Louise a dû faire des choix pour équilibrer sa clientèle. Elle a cessé sa collaboration avec la Fondation de la massothérapie en janvier 2019 et a offert ses derniers massages adaptés la clientèle de LEUCAN en juillet de cette année. Elle a l’impression d’avoir bouclé la boucle auprès des jeunes atteints de cancer. « Quand j’ai commencé en massothérapie, mes enfants étaient jeunes, explique-t-elle. Maintenant, je suis grand-maman. Il est temps pour moi de laisser la place à quelqu’un d’autre. »
Un avenir pour faire du bien
C’est d’abord pour prendre soin d’elle-même et des autres que Louise s’est tournée vers la massothérapie. Au début de sa carrière, le massage était pour elle une manière de diminuer et mieux gérer le stress, c’était un mode de vie pour conserver une bonne santé physique. Mais aujourd’hui, la massothérapie revêt une signification beaucoup plus large, car son impact s’observe autant sur le corps que sur l’esprit.
Louise a pris sa retraite du monde de l’aviation en 2016. Depuis, elle se consacre à plein temps à l’art du toucher. À 59 ans, la massothérapeute voudrait ralentir la cadence et amener les gens davantage vers la relaxation. Elle aimerait modifier sa pratique pour cibler des techniques douces comme le massage californien, le massage abhyanga et le drainage lymphatique, mais aussi des approches comme le Reiki, un art pour lequel la massothérapeute a atteint le niveau maître récemment et qui lui permet de partager ses connaissances. Louise offrira aussi prochainement des ateliers « Découverte » portant entre autres sur le massage des pieds au bol Kansu (bols tibétains). Bref, elle espère adapter, encore et toujours, son art et continuer à faire du bien autour d’elle.
Rédaction : Katia Vermette, rédactrice agréée