Joëlle Frenette pratique le massage suédois depuis 1986. Membre de la Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM) depuis 1988, elle nous parle de son parcours, de sa longue et riche expérience de thérapeute, d’enseignante et d’évaluatrice.
Racontez-nous votre histoire, votre parcours.
Joëlle Frenette : Diplômée en animation, j’étais au départ agente de groupe pour Katimavik : c’était un travail très exigeant, 24 heures sur 24. Pour m’amuser, j’ai suivi un cours de massothérapie, je me suis vite aperçue que j’avais « de belles mains ». J’ai alors décidé de suivre une formation de deux ans en massage suédois et en polarité à l’Institut de Thérapie Psychocorporelle, pour devenir massothérapeute. Rapidement, j’ai trouvé du travail dans l’un des premiers centres de santé au Québec, à l’Auberge du Portage (Notre-Dame-du-Portage).
En 1988, j’ai lu dans Le Massager qu’on recherchait des évaluateurs : j’ai posé ma candidature. Ma carrière a alors pris un nouveau virage. Je faisais partie de l’équipe d’évaluation aux examens d’entrée à la FQM, je travaillais en équipe à l’amélioration continue de la grille d’évaluation en massage suédois et j’enseignais tout en pratiquant. J’ai ainsi enseigné à l’École Kikaï (Chicoutimi), à Guijek (Montréal), à l’Institut Édith Serei (Montréal) et à Lotus Palm (Montréal). J’ai également travaillé comme massothérapeute au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, ainsi qu’auprès de différentes clientèles : enfants atteints de leucémie, femmes itinérantes, personnes en fin de vie, etc.
Comment décririez-vous la technique du massage suédois ?
Joëlle Frenette : C’est le type de massage le plus connu, d’une grande efficacité. Il s’agit d’une technique musculosquelettique qui va chercher les muscles et les fibres en profondeur, provoquant un afflux sanguin, donc une meilleure oxygénation des tissus. De plus, les manœuvres — effleurage, foulage, pétrissage, friction, percussion, ébranlement et drainage — enlèvent les tensions et libèrent les points gâchettes où se loge la douleur.
Du point de vue du thérapeute, le massage suédois commence par des manœuvres générales, se poursuit par des manœuvres plus en profondeur, plus spécifiques, pour revenir à des manœuvres générales et terminer par un travail péri-articulaire. Mon professeur, Pierre H. Lapalme — l’un des fondateurs de l’Association provinciale des masseurs et massothérapeutes, ancêtre de la Fédération québécoise des massothérapeutes — en parlait comme d’une courbe.
Comment le massage suédois a-t-il évolué depuis que vous avez commencé à le pratiquer ?
Joëlle Frenette : Au début, la loi à Montréal interdisait aux femmes de pratiquer le massage sur les hommes… L’entrée en scène de la Fédération et d’écoles telles que Kiné-Concept et Guijek a instauré une approche à la fois scientifique et humaine, basée sur l’adoption d’un plan de travail construit à partir du bilan santé et d’une post-évaluation après le massage, pour permettre un suivi adéquat. En outre, l’amélioration des connaissances a permis de dresser une cartographie musculaire et de mieux comprendre toutes les composantes — origines et insertions — afin de mieux cibler les effets des manœuvres.
Quel rôle avez-vous joué dans le développement du massage suédois au Québec ?
Joëlle Frenette : L’équipe d’évaluateurs dont je faisais partie a travaillé à l’amélioration continue de la grille d’évaluation en massage suédois: au fil du temps, elle est passée de 10 à 60 pages. L’engagement dans ce travail fait partie de ma démarche axée sur l’apprentissage : mon propre apprentissage a nourri mon enseignement, qui a nourri la grille, qui vise un perfectionnement en continu.
Pourquoi êtes-vous passionnée par le massage suédois et par la massothérapie de façon générale ?
Joëlle Frenette : Je suis passionnée par deux techniques que j’ai apprises lors de la formation initiale : le massage suédois et la polarité, technique plus énergétique qui prend son origine dans la médecine ayurvédique. Ces deux approches ont leur place dans ma pratique : je garde toujours un moment pour la polarité à la fin d’un traitement en massage suédois, cela permet de mieux faire circuler l’énergie alors que la personne est détendue, lui permettant de vivre un moment privilégié avec elle-même.
Quels sont les trois conseils que vous donneriez à une personne qui s’apprête à choisir la même profession que vous ?
Joëlle Frenette : Tout d’abord, je lui dirais de prendre soin de sa propre santé, d’un point de vue global, car le toucher ne ment pas. Par ailleurs, je l’inviterais à déterminer un plan de travail adéquat lors de l’évaluation du client à l’entrevue ; à pratiquer, encore et toujours, afin de toujours mieux connaître la musculature, le bien-fondé et les effets des manœuvres. Je terminerais en soulignant l’importance de l’écoute active : cela permet de préparer la personne autant à recevoir le massage qu’à en optimiser les effets.
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À l’ère de la collaboration avec d’autres professionnels de la santé, Joëlle aspire à l’avènement de l’Ordre des massothérapeutes. Aujourd’hui en préretraite, elle aimerait contribuer à faire avancer ce dossier en s’impliquant à nouveau au sein du Conseil d’administration dès que son emploi du temps le lui permettra.
Rédaction ❚ Catherine Houtekier, rédactrice et réviseure professionnelle