Par Paule Mongeau, M. Ps., psychologue, formatrice et auteure
« J’ai mal dans toutes les fibres de mon corps, sans relâche, je tourne en rond, personne ne vient à mon secours, j’ai l’impression que je ne m’en sortirai jamais ! » Voilà quelques paroles typiques d’une personne ayant développé de la fibromyalgie.
Le syndrome de fibromyalgie affecte quelque 350 000 Québécois. Des personnes généreuses de leur temps et désireuses de faire partie de la société du travail et des services se trouvent parmi eux. Malheureusement obligés très souvent de se retirer dans un isolement souffrant, ces gens se retrouvent sans ressources, autant humaine que financière.
Symptômes spécifiques et cumulatifs
Après plusieurs années de souffrances solitaires, des hommes et des femmes (celles-ci sont 6 à 9 fois plus nombreuses) sont confinés à la maison à cause de graves douleurs sur plus de 14 points de leur corps, les tenaillant jour et nuit. Ceux qui persistent à poursuivre leurs tâches ou des exercices outranciers le font aux dépens de leur santé, l’épuisement s’aggravant d’année en année. Les symptômes d’anxiété, d’irritabilité physique et mentale, et de manque de concentration liés à l’insomnie, puis l’hyperactivité neurovégétative et les divers malaises tels les troubles digestifs ou l’hypertension s’installent petit à petit.
Les douleurs, par ailleurs différentes de celles associées au rhumatisme ou à l’arthrose car souvent sans inflammation notable et pourtant intolérables, forment un mal silencieux qui rendent ces personnes prisonnières de leurs tensions nerveuses et musculaires. De nombreuses études font également un lien entre le régime alimentaire traditionnel et le maintien de la douleur et des jambes sans repos, malaises ressentis particulièrement au moment d’arrêt des mouvements corporels.
La source de la fibromyalgie
La cause est pourtant connue. Un rapport scientifique récent (2012[1]) appuyé par la Société canadienne de la douleur (SCD) et la Société canadienne de rhumatologie (SCR) évoque la probabilité d’un choc de nature perturbatrice dans l’enfance où la personne s’est retrouvée sans ressource immédiate de réassurance. Un second choc à l’âge adulte aura tendance à ramener la personne dans cet espace réactionnel intense et paralysant.
Cela indique la sévérité de la nature des symptômes de la fibromyalgie. En réalité, sans solutions médicales autres que quelques médicaments qui peinent à tromper temporairement le cerveau de la perception de la douleur, ces personnes sont bien mal prises et vivent un sentiment d’impuissance et d’incompréhension de la part de leur entourage, mais aussi de tout intervenant professionnel qui omettrait de traiter ces traumatismes avec délicatesse et sérieux.
Le massage
Un type de massage très doux lors de la première consultation, souvent de 15 ou 20 minutes maximum, permet parfois, mais pas toujours, un début de prise de conscience de la possibilité d’en arriver à rétablir un relâchement musculaire, aussi minime soit-il. Le massothérapeute devra accompagner son client dans l’apprentissage du lâcher-prise et dans l’installation d’un sentiment de sécurité en écoutant ses demandes et ses indications. Un enseignement pratique d’auto-massage et d’acupression sera un atout dans la mise en place de soins autonomes.
La personne ayant développé des habitudes de fuite depuis des décennies retrouvera son bien-être en apprenant à rétablir son système nerveux parasympathique, en posant des limites et en faisant le deuil de certains éléments valorisants de sa personnalité dont l’hyperactivation. Cela n’est possible que si cette personne redéfinit un sentiment de sécurité afin de permettre un état de relaxation nécessaire à tout organisme.
Les références
Deux ouvrages collectifs (22 auteurs) et un livret (Pour en finir avec la fibromyalgie et rétablir son périmètre de sécurité), en formats papier ou numérique[2], ont été rédigés pour guider vers le succès toute personne, incluant l’entourage et les professionnels, qui désire orienter ses actions vers le soulagement de la fibromyalgie dans une perspective de soins intégraux.
Oui, il est possible de sortir de ce carcan de protection, bien que cela exige beaucoup d’efforts dans la transformation du mode de vie, des interactions personnelles et de l’idéal de soi. Le résultat est un soulagement de la douleur et le rétablissement d’un calme intérieur. Cependant, il semble bien qu’une intolérance au cumul de stress demeure très présente et oblige la personne à recadrer quotidiennement ses activités en fonction de ses capacités. Mais ça, n’est-ce pas le travail en conscience de chacun ?
Merci