Chercher la cooccurrence des mots art et massothérapie dans les bases de données documentaires conduit plus vers des études traitant de l’art de la massothérapie que de l’utilisation et des effets conjoints de l’art et de la massothérapie. Pour explorer la question et en apprendre plus sur les bienfaits de cette association, nous avons exploité les rares écrits disponibles, puis nous avons rencontré Sophie Vérot, massothérapeute agréée, praticienne en Lomi lomi, une manifestation de l’art en action.
Art et massothérapie dans les écrits
Les écrits scientifiques relatifs à la santé explorent surtout les effets de l’association de la massothérapie et de la musicothérapie sur le bien-être des patients.
En 2017, trois auteurs iraniens ont publié un essai randomisé contrôlé visant à évaluer les effets isolés ou combinés du massage et de la musique sur l’intensité de la douleur et de l’anxiété ainsi que sur le niveau de relaxation chez 240 patients atteints de brûlures et répartis en trois groupes recevant l’une, l’autre ou les deux interventions, en plus d’un dernier groupe contrôle. Les résultats montrent une diminution de l’intensité de la douleur et de l’anxiété ainsi qu’une augmentation du niveau de relaxation chez les participants des groupes ayant reçu des massages, de la musique ou une combinaison des deux par rapport aux participants du groupe contrôle. Ils ont noté qu’il n’y avait pas de différence significative entre les interventions appliquées [1].
Dans une étude publiée en 2008, une musicothérapeute canadienne et une infirmière-réflexologue américaine se sont penchées sur l’utilisation conjointe de la musicothérapie et de la réflexologie pour les patients atteints de cancer à un stade avancé ainsi que pour leur famille. À travers deux études de cas, elles illustrent les bienfaits de l’expérience considérée comme une approche complémentaire pour contribuer à réduire l’anxiété, la douleur et l’isolement, ainsi que pour faciliter la communication [2].
Trois auteures américaines ont publié, en 2003, les résultats d’une étude pilote expérimentale visant à observer les effets du massage préopératoire et de la musicothérapie sur les expériences préopératoires, peropératoires (pendant l’opération) et postopératoires des patients. Les participants ont été assignés aléatoirement à l’un des quatre groupes suivants : massage et musicothérapie, massage uniquement, musicothérapie uniquement, et un groupe témoin. Les niveaux d’anxiété postopératoires étaient significativement plus bas pour les groupes ayant reçu l’une des trois interventions [3].
Le Lomi lomi : art et massothérapie en action
Propriétaire de Lomi lomi massothérapie, Sophie Vérot explique d’emblée que Lomi lomi est un terme hawaïen qui signifie massage. Le Lomi lomi n’est donc pas un type particulier de massage hawaïen, comme beaucoup le croient, mais une façon de pratiquer la massothérapie dans sa globalité, dans un esprit de créativité et de lâcher-prise. Dans son offre de soins, Sophie fait une distinction entre le Lomi lomi d’introduction et le Lomi lomi nui, ou grand massage, qui dure environ deux heures. Ce dernier s’adresse à des personnes qu’elle a déjà rencontrées auparavant et qui sont prêtes pour cette expérience.
Sophie Vérot a appris une technique venant d’une lignée ancestrale, technique qui comprend une danse impliquant la fluidité du mouvement autant pour la personne qui donne que pour celle qui reçoit. Du point de vue du ou de la massothérapeute, cette danse implique l’apprivoisement d’une nouvelle façon de bouger. Du point de vue de la personne qui reçoit, cela implique un abandon, un ressenti du mouvement sur la peau.
Avec la danse, une deuxième forme d’art est également présente pendant le soin, puisque la musique fait aussi partie de l’expérience : non pas une musique de détente, mais une musique du monde, avec des percussions et un volume plus présent, dont le rythme changeant et personnalisé est destiné à réveiller et à faire vibrer les mémoires cellulaires. Personnalisé? La liste de lecture est en effet créée en fonction de la lignée ancestrale de la personne qui reçoit le massage. La musique accompagne alors le soin, mais ne règle pas le rythme du mouvement. Non prévisible, elle évite à l’esprit de s’accrocher et au mental de s’activer : elle favorise l’accueil de l’instant présent.
En tant que formatrice, Sophie utilise une troisième forme d’art dans son enseignement. Comme dans la conception d’un tableau, on part d’une toile blanche sur laquelle les nouvelles couleurs vont naître et s’agencer au rythme du ressenti des participants. Les massothérapeutes apprenants vont donc apprivoiser une nouvelle façon de travailler qui va les connecter à eux-mêmes : bien centrés, ils seront alors prêts à offrir le meilleur. Cet apprentissage se traduira ensuite dans la pratique, puisque la personne qui recevra le soin deviendra à son tour le tableau blanc destiné à recevoir les couleurs qui lui conviennent.
Si l’on devait distinguer une quatrième forme d’art dans les ingrédients du Lomi lomi, ce serait celui de la métaphore faisant appel à la nature : la fluidité du mouvement rappelle un cours d’eau s’écoulant librement, la personne qui reçoit le massage flotte sur le sommet d’une vague, et les régions du corps rappellent les vallées et les montagnes.
Art et massothérapie constituent donc une combinaison gagnante, autant pour le ou la thérapeute que pour le client ou la cliente. Pour trouver un(e) massothérapeute agréé(e) pratiquant le Lomi lomi, utilisez les fonctionnalités avancées du moteur de recherche de la FQM et, une fois la région sélectionnée, choisissez Lomi lomi dans la boîte déroulante nommée Techniques complémentaires.
Références :
[1] Najafi Ghezeljeh, T., Mohades Ardebili, F., et Rafii, F. (2017). The effects of massage and music on pain, anxiety and relaxation in burn patients: Randomized controlled clinical trial. Burns: journal of the International Society for Burn Injuries, 43(5), 1034–1043. https://doi.org/10.1016/j.burns.2017.01.011
[2] Magill, L., et Berenson, S. (2008). The conjoint use of music therapy and reflexology with hospitalized advanced stage cancer patients and their families. Palliative and Supportive Care, 6(3), 289-296. doi:10.1017/S1478951508000436
[3] McRee, L. D., Noble, S., et Pasvogel, A. (2003). Using massage and music therapy to improve postoperative outcomes. AORN journal, 78(3), 433–447. https://doi.org/10.1016/s0001-2092(06)60754-0
Rédaction : Catherine Houtekier, M.B.S.I., rédactrice agréée et réviseure