Le massothérapeute exerce un métier fondé sur l’expertise et la confiance : la confiance réciproque détermine la solidité de la relation thérapeute-client et permet au premier d’aider le second de façon optimale. Quelles sont les composantes de cette relation de confiance ? Sur quels principes repose-t-elle et qu’est-ce qui peut la menacer ?
Les balises de l’éthique
L’éthique se situe au cœur non seulement de la création et du maintien de la relation de confiance, mais également de l’établissement d’un environnement thérapeutique bénéfique.
Le Code de déontologie de la FQM traite de cet enjeu dans son article 8 qui stipule que « le membre doit établir une relation de confiance entre lui et son client », notamment en s’abstenant d’exercer son travail de façon impersonnelle, en respectant les limites et l’échelle des valeurs du client, en évitant de multiplier les séances sans raison ainsi qu’en consignant par écrit l’état de santé du client. Par ailleurs, le Modèle québécois de la massothérapie comprend 90 h de formation sur l’approche client, la technique d’entrevue, la relation d’aide, la communication, la sexualité et l’éthique professionnelle (module 3 du profil 1).
Mais l’existence de ces balises n’empêche pas l’émergence de certains dilemmes éthiques que le massothérapeute doit savoir reconnaître et traiter de façon adéquate.
Cinq défis à relever
L’American Massage Therapy Association (AMTA) recense cinq défis à relever afin de préserver et de consolider la relation de confiance massothérapeute-client :
- Respecter l’équilibre du pouvoir: la relation thérapeute-client n’est pas égalitaire, mais équilibrée. Chacun détient un rôle clair et le massothérapeute doit expliquer sa façon de travailler, faire part au client des obligations respectives — comme le respect des heures de rendez-vous — et résoudre rapidement les conflits.
- Fixer des limites et les respecter: lors d’une séance de massothérapie, un client reste un client. Si des liens d’amitié se sont créés, ils n’ont pas leur place sur la table de massage, afin de préserver un environnement thérapeutique sain. En outre, il convient de vérifier, à chaque séance, l’inconfort éventuel d’un client, même habitué.
- Connaître les frontières de son champ de compétence: le massothérapeute doit savoir quand cesser les soins auprès d’une personne chez qui la douleur persiste, ou quand passer le relais à un autre professionnel de la santé afin de favoriser le bien-être du client.
- Disposer de politiques écrites: elles concernent, par exemple, les retards éventuels et les frais d’annulation. Les faire connaître dès la prise de rendez-vous permet de prévenir des dilemmes, voire des conflits.
- Pratiquer la conscience de soi: bien se connaître et savoir s’évaluer au quotidien permet au massothérapeute de déterminer ses propres zones de force et de vulnérabilité, son niveau d’énergie et de tolérance, donc de prévenir des difficultés et en fin de compte, de prendre soin de lui-même.
Ce que dit la recherche sur la relation de confiance
Quatre auteurs américains ont publié en 2016 les résultats1 d’un consensus de 32 experts en massothérapie venus des États-Unis, du Canada et d’Europe. Selon eux, l’environnement sécuritaire nécessaire à la détente du client prend appui sur l’éthique du thérapeute. Comment définissent-ils « se sentir en sécurité » ? Comme le sentiment d’être à l’abri de tout préjudice, physique ou psychologique, grâce à la relation de confiance qui s’établit entre le client et son thérapeute.
Un mémoire2 suisse publié en 2017 fait appel à la théorie de Peplau sur les relations interpersonnelles en soins infirmiers en l’appliquant au domaine de la massothérapie, car elle est en adéquation avec les qualités requises chez le massothérapeute. Ce dernier accomplit un processus en quatre étapes : 1) identifier les besoins du client et les techniques appropriées pour lui venir en aide ; 2) établir une relation de confiance pour envisager le soin dans un partenariat consensuel ; 3) pratiquer le soin de façon professionnelle dans le respect des valeurs du client et 4) terminer le soin en expliquant la suite. L’éthique professionnelle est donc toujours au cœur de la relation de confiance.
Pour aller plus loin
- Kennedy, A. B., Cambron, J. A., Sharpe, P. A., Travillian, R. S., & Saunders, R. P. (2016). Clarifying definitions for the massage therapy profession: the results of the Best Practices Symposium. International Journal of Therapeutic Massage & Bodywork, 9(3), 15-26.
- Lauper, A., & Melancia, R. (2017). Effets des massages thérapeutiques dans la prise en soins domiciliaire de personnes âgées souffrant de douleurs chroniques (Travail de Bachelor en sciences, Haute école de santé, Genève). 51 p.
Dans ce document, l’emploi du masculin pour désigner des personnes n’a d’autres fins que celle d’alléger le texte.
Rédaction ❚ Catherine Houtekier, rédactrice et réviseure professionnelle