Avec la collaboration de Denis Lafontaine, massothérapeute agréé spécialisé dans l’approche Trager® et Louise-Maëna Paquette, massothérapeute agréée, kinésiologue et enseignante du cours de pharmacologie à l’école Kiné-Concept
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de traitement curatif à la maladie de Parkinson. Cependant, pour en atténuer les symptômes moteurs, l’approche Trager® s’avère des plus intéressantes.
La maladie de Parkinson est causée par la mort des cellules du cerveau qui produisent la dopamine, ce neurotransmetteur responsable du contrôle des mouvements dans le corps. N’ayant plus accès à la dopamine en quantité suffisante, les neurones moteurs se dérèglent, ce qui provoque avec le temps l’apparition de symptômes tels que des tremblements, de la spasticité, des troubles de l’équilibre et une rigidité musculaire.
Bien que plusieurs techniques de massage puissent être utilisées pour réduire le stress et améliorer la qualité de vie des parkinsoniens, le Trager® s’avère particulièrement efficace dans la réduction des symptômes moteurs de la maladie[1]. En rejoignant en douceur le système nerveux, le Trager® permet en effet d’apaiser la douleur et les sensations d’inconfort, de calmer temporairement la rigidité et d’améliorer la souplesse. L’approche se base sur la transmission de sensations agréables visant à rendre moins dominantes les sensations désagréables présentes chez le client. Elle vise la recherche de la légèreté.
Lors d’une séance, le praticien en Trager® communique au parkinsonien des sensations de mobilité et de mouvements libres en employant notamment des bercements et des balancements. Ces manœuvres consistent à transmettre à un segment du corps un mouvement oscillatoire capable de rejoindre les systèmes nerveux périphérique et central. La sensation y est alors captée, mémorisée, et reproduite dans tout le corps, provoquant par le fait même un relâchement musculaire et articulaire, de même qu’une réduction de l’intensité des symptômes moteurs de la maladie.
Pour une intervention personnalisée
Le praticien en Trager® intervenant auprès des parkinsoniens se doit de considérer l’état de santé de son client, de même que ses besoins et ses attentes. D’abord, la connaissance de la pathologie est essentielle afin de planifier une intervention personnalisée. Le praticien pourra par exemple interroger son client quant à la forme de Parkinson dont il souffre et aux signes de la maladie qui se manifestent chez lui.
De plus, les médicaments prescrits pour atténuer les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson doivent être examinés (voir tableau 2). Concrètement, ces médicaments agissent en mimant l’action de la dopamine ou en stimulant l’activité des cellules qui la produisent.
Il faut cependant savoir qu’un excès de dopamine dans le cerveau amené par la médication peut provoquer de nombreux effets secondaires. On parle par exemple de comportements obsessifs comme l’hypersexualité et le jeu pathologique, d’hallucinations et d’une difficulté à résister aux impulsions. Le praticien en Trager® doit être conscient que de telles manifestations sont envisageables chez le parkinsonien. Afin de limiter les comportements impulsifs, le praticien aura donc avantage à demeurer dans une distance thérapeutique suffisante par rapport à son client.
En outre, il est possible de tirer avantage de la médication dans la planification d’un soin de massothérapie chez le parkinsonien. L’intervention sera en effet plus efficace si elle est appliquée une quinzaine de minutes après la prise du médicament atténuant les symptômes de rigidité. Le praticien en Trager® peut également voir à limiter la durée de la séance lorsque l’action du médicament est plus courte, et ce, afin de ne pas surcharger le système nerveux.
Pour une prise en charge efficace de la maladie
Il est possible qu’au cours d’une séance, le praticien en Trager® note l’apparition ou l’aggravation d’un symptôme chez son client. En fait, l’action de certains médicaments prescrits pour la maladie de Parkinson peut s’estomper avec le temps, ce qui nécessite un ajustement de la dose ou un changement de la médication. Dans une visée de collaboration interprofessionnelle, le praticien pourra donc faire part de ses observations à son client, au proche aidant ou au médecin traitant, si applicable, afin de rendre la prise en charge de la maladie plus efficace.
Somme toute, l’approche Trager® offre un toucher adapté qui permet d’atténuer l’intensité des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. L’efficacité du massage dépendra des connaissances du massothérapeute et de la manière dont il est capable de planifier et d’adapter le soin.
[1] Duval, C., Lafontaine, D. et coll. (2002). The effect of Trager therapy on the level of evoked stretch responses in patients with Parkinson’s disease and rigidity. Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, 25(7):455-464. DOI 10.1067/mmt.2002.126469
Rédaction Katia Vermette